jeudi 30 septembre 2010

Tanguy et sa maman

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt un dossier dans La Presse de la semaine dernière sur le phénomène des Tanguy. Si vous n’avez pas vu le film, courez au club vidéo (pendant qu’il existe encore) et louez-le; c’est un excellent et incontournable film. Mais à peu près tous les francophones connaissent l’expression. Un Tanguy, c’est un jeune adulte (20 à 30 ans) qui habite chez ses parents alors qu’il a terminé ses études. Phénomène grandissant, parait-il.

Le dossier mettait en lumière le fait que plusieurs de ces Tanguy sont contraints de continuer à habiter chez leurs parents à cause d’un marché du travail plus difficile. La précarité des emplois, le recours au temps partiel ou aux horaires sur appel empêchent bien des jeunes de vivre une vie «normale», soit de quitter le nid familial, une fois les études terminées, pour voler de leurs propres ailes.


Mais il y a aussi un phénomène social intéressant qui se cache sous les Tanguy québécois, celui des «parents curling». Dans le film, les parents tentent par tous les moyens de se débarrasser de Tanguy. Le Tanguy québécois, au contraire, aimerait bien quitter la maison, mais ses parents déploient tous les stratagèmes nécessaires pour le retenir. D’où l’expression de «parents curling»: les parents qui balaient tous les obstacles sur le chemin de leur enfant.


Je suis de la génération de ces parents âgés de 35 à 55 ans qui ont une fâcheuse tendance à ne par faire confiance à leurs enfants, à s’immiscer dans leur vie et à vouloir contrôler leur destinée. Je constate à quel point, et avec horreur, que de nombreuses mères – car oui, c’est principalement le cas des mères – sont en voie de détruire la vie de leur enfant et surtout leur estime de soi.


Je travaille dans le milieu de l’éducation. Que les parents suivent l’éducation de leurs chérubins au primaire, c’est responsable. Au secondaire, les premières années si l’enfant a des difficultés, c’est aussi une bonne chose. Mais trop de parents bienveillants harcèlent les éducateurs et la direction pour imposer leur façon de faire. Mais là – tenez-vous bien – voilà qu’il existe des comités de parents au cégep et que des demandes pour en créer à l’université viennent de se pointer. Non, mais quand allez-vous avoir assez confiance en nos jeunes pour les laisser grandir? Notre système d’éducation n’est pas parfait, mais il est composé des gens compétents qui savent comment amener la jeune génération de l’enfance jusqu’à l’âge adulte. Puis maman n’a pas sa place dans la gestion académique pour que le système accorde une attention particulière à son protégé. Pauvre enfant, que fera-t-il une fois des études terminées? Est-ce que maman va demander la création d’un comité de parents dans l’entreprise? J'en connais qui seraient absolument apte à le faire...


C’est sûrement parce que, de nos jours, on fait trop peu d’enfants et trop tard dans notre vie. Parce qu’on travaille beaucoup, on les «parque» dans des garderies, on leur achète toutes les bébelles qu’ils demandent – histoire de se déculpabiliser – et surtout, on les couve! Longtemps … très longtemps! Je n’ai honnêtement pas hâte de voir quelle génération d’enfants gâtés, irresponsables, sans confiance en soi et en même temps «Ti-Jos connaissant» que notre société est en train de créer.


Peut-être nous retourneront-ils l’ascenseur et créeront des «comités d’enfants» pour nous, pauvres vieux, qui seront dans des centres d’accueil…

1 commentaire:

  1. Ca phénomène devient de plus en plus inquiétant. C'est dommage que les parents ne fassent pas confiance à leurs enfants et qu'ils fassent tout pour le protéger de la "méchante" vie. Ces enfants seront très dépourvus plus tard. Quelle société formeront-ils? C'est inquiétant.

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