mardi 27 avril 2010

Le grand fossé

C’est par cette phrase que je pourrais résumer ma perception de la société actuelle. Alors que la technologie et le progrès économique devraient nous propulser vers une meilleure vie, voilà qu’on assiste bêtement à un élargissement du fossé entre ceux «qui ont» et ceux «qui n’ont pas». Et je ne pense pas uniquement à la richesse…

Le progrès technologique est impressionnant. L’information est aujourd’hui instantanée, n’a pas de frontières et couvre à peu près n’importe quel sujet. Il est possible de répondre à la moindre de nos questions en l’espace de quelques secondes grâce à l’Internet. Ce privilège était autrefois réservé à ceux qui possédaient des encyclopédies, donc des biens nantis ayant une sensibilité à la curiosité. Mais pas de nos jours. La très grande majorité de la population des pays développés a accès à l’Internet (1,6 milliard d’internautes en 2009). Et il y en a malgré tout pour croire que les tremblements de terre sont causés pas les femmes trop légèrement vêtues…


L’école est accessible. Une population instruite est une population plus productive, plus riche, et habituellement plus heureuse. Et pourtant, on remarque qu’au Québec, autant le taux de diplomation augmente, autant le décrochage scolaire augmente lui aussi. On se dirige tout droit vers une belle société dichotomique. Pis encore, comme la richesse et le bonheur se retrouvera beaucoup plus du côté des scolarisés – donc du côté qui auront investi temps et argent pour le faire – cette génération sera encore plus réticente à la répartition de la richesse. Un grand virage à droite collectif qui s’annonce…


Bon! J’entends déjà les arguments à l’effet que Guy Laliberté et Bill Gates étaient des décrocheurs et que cela ne les a pas empêchés de réussir. Et le pauvre quidam qui vit dans la pauvreté malgré son doctorat en philosophie? Laissons de côté les exceptions et regardons plutôt la loi de la moyenne qui veut qu’un diplôme demeure en général un bon investissement.


Alors nous voilà donc aux prises avec une société qui comptera plus de gens riches, financièrement et intellectuellement, et en parallèle, plus de pauvre. La belle affaire. En plus du clivage Nord-Sud, nous aurons des clivages à l’intérieur même de nos sociétés. Des gens de plus en plus dépassés par les événements, qui ne pourront suivre la rapidité de l’évolution. Faute d’éveil intellectuel, des pans entiers de notre société ne pourront suivre l’évolution rapide de la technologie laissera à elle seule. Voilà de belles proies pour l’intégrisme religieux…

vendredi 9 avril 2010

Grippé

Santé Canada modifie la date de préemption des vaccins contre le H1N1. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui est sous enquête pour avoir faussement alerté la population contre une pandémie qui n’est jamais survenue. Des milliers de vaccins achetés en trop…

Ça ne sent pas bon, et non pas parce que c’est une grippe dite porcine!

Bon, avouons-le, on s’est fait avoir. Les toutes puissantes compagnies pharmaceutiques nous ont fait le coup. «Ils ont voulu notre bien, ils l’ont eu» pour paraphraser les Cyniques (ô souvenir). Même en mode d’alerte budgétaire provoqué par la crise financière, nos gouvernements ont ouvert les goussets de l’État (i.e. nos impôts) pour acheter des tonnes de vaccins. Et tout ça pour lutter contre la bonne vieille grippe qui n’est certes pas comique – bon an, mal an, elle tue 3000 personnes par année au Canada en moyenne – mais ce n’est qu’une grippe!

Même notre propre Institut national de la santé publique du Québec, haut lieu de l’incompétence et de la panique naïve chronique, nous prévenait que la grippe A H1N1 allait emporter 1% de la population cet hiver, soit 70 000 personnes. Finalement, elle n’a pas été trop cochonne cette grippe, ce fut l’hiver le moins dévastateur en terme de mortalité due à la grippe de 25 dernières années.

Ce qui est le plus inquiétant dans toute cette histoire, c’est de réaliser que nos gouvernements et des organisations internationales comme l’OMS délaissent leur bon jugement et les fondements scientifiques au profit … du profit! Ce n’est pas nouveau, mais cette fois, l’ampleur est sans précédents. Rappelez-vous l’épisode de la grippe aviaire H5N1… Elle devait dévaster la planète en 2004. Résultat : 147 morts dans le monde et 8 millions de doses à la poubelle uniquement aux États-Unis. On n’a rien appris, on s’est fait encore avoir.

En parallèle, les profits du groupe Hoffmann-La Roche qui produit le fameux vaccin sont passés de 3 milliards des dollars en 2003 à 8 milliards en 2009. Excellente gestion!

Surtout, chapeau à leurs lobbyistes…