mercredi 4 avril 2012

Grève étudiante au Québec

Lettre à Gabriel Nadeau-Dubois
Porte-parole de la CLASSE

« Pour faire bouger le gouvernement, il va falloir perturber, il va falloir occuper, il va falloir que ça brasse au Québec. »

La hausse annoncée des droits de scolarité universitaire ne fait sans doute pas votre affaire, mais de là à lancer un appel à perturbation économique n’est certes pas la façon de rallier la population à votre cause. Comme leader étudiant, n’avez-vous pas le devoir de respecter la société qui assume à plus de 80 % vos frais de scolarité, plutôt que de vouloir nuire à son épanouissement?

S’appuyer sur des faits

Ce n’est certainement pas avec votre discours démagogique que vous attirerez la sympathie. Vous omettez systématiquement de citer les nombreuses études qui démontrent hors de tout doute qu’il n’y a pas de lien entre frais de scolarité et accessibilité. Vous citez à votre guise des exemples venus d’ailleurs – comme l’Angleterre ou la Norvège – alors que des études canadiennes existent pour démontrer que votre logique ne tient pas la route. Que pensez-vous, par exemple, du fait que l’accroissement des droits de scolarité en Colombie-Britannique en 2007 s’est accompagné d’une hausse des inscriptions?

L’illusion de la gratuité scolaire

Sans doute conscient de la faiblesse de vos arguments, vous en êtes rendu à réclamer la gratuité scolaire. Celles du transport en commun et du permis de conduire aussi probablement? Vous semblez oublier que dans notre système économique et social, il y a toujours quelqu’un au bout du compte qui doit absorber les coûts. La gratuité scolaire implique qu’il faudra hausser les impôts et les taxes et imposer un fardeau supplémentaire à ceux qui remplissent les coffres de l’État, c'est-à-dire essentiellement les contribuables de la classe moyenne. Vous demandez donc à la population, dont la très grande majorité n’a pas et ne fréquentera pas l’université, de payer pour votre enrichissement personnel. Et vous osez parler d’équité…

L’éducation : un investissement

L’éducation, c’est sans doute un droit, mais c’est avant tout un investissement. Vous, étudiants universitaires, vous investissez en vous-mêmes afin d’obtenir un meilleur salaire et une vie plus confortable. C’est un choix que j’encourage, mais qui est avant tout un choix personnel que nous, comme citoyens, n’avons pas à assumer. Demanderiez-vous au gouvernement de payer la totalité des investissements des entreprises sous prétexte qu’ils permettent l’enrichissement collectif? Nous avons la chance d’avoir un réseau universitaire de qualité, et, ne vous en déplaise, d’en absorber une partie croissante des coûts fait partie de l’équation.

jeudi 9 février 2012

Connaissez-vous le luddisme?

Le luddisme est un mouvement d'opposition à toute forme de progrès technologique. Ce mouvement provient d'un certain Ned Ludd qui aurait été l'artisan de la contestation sociale contre le progrès technologique qui marqua la révolution industrielle anglaise à la fin du XVIIIe siècle.

Les luddistes prônent un retour à des valeurs dites plus " naturelles " - aux antipodes de la technologie moderne - celles-ci étant jugées plus simples, moins complexes et surtout moins dangereuses. C'est, par extension, une forme de crainte injustifiée du progrès, tout changement étant a priori perçu comme étant nocif pour notre bien-être.

Même s'il a vécu il y a plus de 200 ans, force est de constater que Ned Ludd a aujourd'hui encore beaucoup d'adeptes. Paradoxalement, à l'heure où nos gouvernements ont tous les outils nécessaires pour encadrer le développement technologique et que les percées scientifiques n'ont jamais été aussi nombreuses, voilà que l'une d'elles - les médias sociaux - sert grandement les fins des luddistes.

Il y a de ces situations dans notre ère moderne qui me font croire que le cerveau humain évolue beaucoup moins rapidement que la technologie. Un exemple frappant: les compteurs "intelligents" d'Hydro-Québec. Les études montrent hors de tout doute que les émissions d'ondes hertziennes de ces compteurs est 100 000 fois inférieures aux normes de Santé Canada, et une centaine de fois inférieures à celles émises par nos réseaux Wifi qui ratissent nos villes. Justement grâce à l'internet et aux réseaux sociaux, les luddistes peuvent nous mettre en garde contre les méfaits de cette technologie, témoignages larmoyants à l'appui... On craint qu'ils servent à nous espionner, à épier nos gestes potentiellement immoraux ou illégaux. Big Brother est entré dans nos maisons! Désolant...

Nous voilà au XXIe siècle, et notre niveau de vie fait l'envie de bien des gens. Il y a une chose qui n'a pas changée depuis que nous étions la Nouvelle-France, c'est que ce pays se développe et s'enrichit principalement grâce à ses ressources naturelles. De la fourrure, nous sommes passés au bois, puis aux mines, à l'hydroélectricité et à la force du vent. Nous devons une large part de notre qualité de vie, bien sûr au travail de nos ancêtres, mais au développement de ces ressources.

Mais nous voilà aussi en cette ère où on accorde une place démesurée aux luddistes contemporains. Impensable de développer une mine si quiconque sis à moins de 50 kilomètres s'y oppose, fini les barrages qui obligent une espèce animal inconnue à déménager, et hors de ma vue ces éoliennes qui détruisent mon paysage bucolique! La fierté de créer a bêtement laissé la place à la crainte d'avancer.

J'avoue mon penchant pour le progrès technologique. J'aime écrire sur mon iPad composé de 33 minéraux et de dérivés de pétrole. Je voyage en métro électrifié grâce à nos barrages ingénieux. Je peux aisément mesurer l'apport économique de ces innovations, sans compter que bon nombre d'entre elles paient l'école de mes enfants, les routes sur lesquelles je circule et les soins de santé de mes parents! Mais qui s'élève contre ces luddistes dont les actions paralysantes vont se traduire par des inévitables hausses d'impôt ou de réduction de services?

vendredi 15 octobre 2010

Ton front est ceint de fleurons glorieux!

Le Canada a subi toute une gifle diplomatique cette semaine lorsqu’il a lamentablement perdu le vote pour obtenir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU. On apprend, petit à petit, que les pays arabes, plusieurs pays africains et l’Inde – pourtant un allié du Commonwealth – ont voté en faveur de la candidature du Portugal.

D’entrée de jeu, il convient de souligner que cela ne change pas grand-chose dans la vie de monsieur et madame Tout-le-Monde. Ça ne nous empêchera pas de voyager, de recevoir des immigrants ou de brandir fièrement notre passeport canadien quand nous irons nous dorer la couenne dans le Sud cet hiver. Force est de constater qu’un très faible pourcentage de la population canadienne sait ce qu’est le Conseil de sécurité de l’ONU et quel est son rôle. Ce n’est certes pas un événement marquant de l’actualité, bien moins que l’expulsion d’une poupoune à Occupation double.


Et peut-être que le Portugal mérite plus sa place que le Canada? Sans doute ce pays a-t-il mieux joué ses cartes, assuré un équilibre entre l’aide qu’il apporte aux pays en développement, n’a pas pris parti pour ou contre Israël. Son premier ministre était peut-être présent à l’inauguration de la session de l’ONU au lieu d’inaugurer un Tim Horton local. Le Portugal n’a probablement pas fait un fou de lui à Copenhague lors de la réunion internationale sur les changements climatiques.


Ça doit être la faute du Bloc québécois…


Ou grâce au Bloc québécois. Parce qu’avec la politique étrangère du gouvernement Harper, je ne suis pas certain que j’aurais été heureux de voir le Canada demeurer au sein des pays d’influence. L’étroitesse d’esprit et le manque de vision du gouvernement Harper ne devraient pas être vus comme le symbole du nouveau Canada. Je préfère de loin la nostalgie de la grande époque de Lester B. Pearson.


Me voilà devenu bien «conservateur»…

mercredi 13 octobre 2010

Mineurs emprisonnés

Quelle belle émotion que de voir la planète entière assister en direct au sauvetage des mineurs chiliens emprisonnés depuis 69 jours. Remarquable surtout de voir ce peuple fier transformer une tragédie nationale en fierté nationale. Le président Sebastian Pinera, la Première Dame chilienne Cecilia Morel, les ministres de la Santé et des Mines étaient là pour les accueillir au son des chants patriotiques. Une belle réalisation de la part d’un peuple qui a vécu son lot de misères, notamment dans les années 1970 et 1980.

Autant je suis fasciné par cette légitime fierté, je me suis en parallèle questionné sur la réaction qu’aurait eue notre bon peuple si un événement semblable s’était produit en notre pays. J’ai donc imaginé une plausible chronologie des événements… (les noms ont été modifiés pour ne pas les reconnaître).

5 août 2010 – Effondrement dans une galerie de la Mine Amos en Abitibi. 33 mineurs sont portés disparus.

22 août 2010 – Une sonde rejoint une salle de repos et revoie à la surface le message suivant : «nous sommes tous vivants».

Jusqu’à maintenant, tout va bien.

27 août 2010 – On crée un comité de travail composé des dirigeants de la mine, du ministère des Ressources naturelles, de la Sécurité publique, des centrales syndicales et d’un représentant du gouvernement fédéral pour discuter des meilleures techniques de sauvetage. Les discussions achoppent sur les coûts. Les syndicats accusent la minière de négligence, la compagnie menace de déménager en Amérique latine.

5 septembre 2010 – Les parties en arrivent à un accord sur le partage des coûts. Reste à trouver la solution technique.

14 septembre 2010 – On élabore trois plans de sauvetage qui visent à forer un trou de 60 cm pour atteindre les mineurs pris à 700 mètres sous terre, et à les remonter à l’aide d’une nacelle. Le gouvernement annonce que les mineurs devront sans doute attendre à Noël pour revoir leur famille.

19 septembre 2010 – Les Algonquins du lac Brunante obtiennent de la Cour provinciale une injonction pour arrêter les travaux de forage. Les camions doivent traverser des terres ancestrales consacrées à la chasse, la pêche et le trappage de survie.

4 octobre 2010 – Le gouvernement et les Algonquins du lac Brunante négocient une entente en vertu de laquelle le droit de passage est autorisé en retour d’une compensation de 7 millions de dollars.

6 octobre 2010 – Début des travaux de forage du puits de secours.

9 octobre 2010 – Les Amis de l’épinette noire et Greentree International obtiennent une injonction de la Cour provinciale pour arrêter les travaux de forage. Cette activité pourrait poser un risque pour la nappe phréatique et causer des désagréments aux migrations des outardes.

19 octobre 2010 – Le gouvernement et les groupes environnementaux s’entendent pour confier l’étude du dossier au Bureau des audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

7 novembre 2010 – Début des travaux du BAPE.

18 novembre 2010 – Le comité des citoyens de Val-des-Mines s’inquiète des répercussions des forages sur la santé des citoyens, notamment des enfants. Ils obtiennent l’appui de leur député et de l’Institut national de Santé publique.

13 décembre 2010 – Dépôt du rapport du BAPE. Vu l’urgence de la situation, et la fin de la période de migration des outardes, le BAPE autorise la poursuite du forage. Mais pour minimiser l’impact sur la population, les forages ne pourront avoir lieu qu’entre 8 et 17 heures, du lundi au vendredi.

23 décembre 2010 – Arrêt des forages pour le congé des Fêtes.

7 janvier 2011 – Reprise des travaux de forage. Le gouvernement annonce qu’il confie à la compagnie Mécanex le soin de construire la nacelle qui servira à remonter les mineurs.

13 janvier 2011 – Un consortium chinois, une entreprise européenne et un concurrent québécois obtiennent de la Cour provinciale une injonction pour arrêter les travaux de forage. La construction de la nacelle à été confiée à une compagnie sans appel d’offres, ce qui est contraire aux dispositions des accords de l’Organisation mondiale de Commerce.

25 mars 2011 – La Cour donne raison au gouvernement qui n’avait pas à soumettre la construction de la nacelle à un processus d’appel d’offres, vu l’urgence de la situation. Les travaux reprennent.

5 avril 2011 – Un journaliste d’enquête découvre que le PDG de Mécanex est un généreux donateur à la caisse électorale du parti ministériel. Houleux débat à l’Assemblée nationale : l’opposition réclame la tenue d’une commission d’enquête sur la corruption et le retrait du contrat de nacelle à Mécanex.

12 mai 2011 – Début des travaux de la Commission d’enquête sur les allégations de corruption.

13 juillet 2011 – La Commission remet son rapport et reconnait que le gouvernement avait le droit de confier la construction de la nacelle à un entrepreneur de son choix, vu l’urgence du moment.

15 juillet 2011 – Reprise des travaux de forage

17 juillet 2011 – Début du congé de la construction

1er août 2011 - Reprise des travaux de forage

5 août 2011 – Premier anniversaire de l’effondrement de la mine. Les mineurs se considèrent chanceux d’être encore en vie et de ne pas travailler dans un pays sous-développé comme le Chili.

16 août 2011 – Le tunnel de sauvetage atteint enfin les mineurs. Reste à attendre la nacelle qui est en retard. Mécanex est en attente des pièces importantes qui sont fabriquées par son sous-traitant indonésien.

10 septembre 2011 – La nacelle arrive sur les lieux du drame. Horreur! Les sous-traitants ont peinturé un énorme drapeau canadien sur l’enveloppe extérieure. Les souverainistes sont outrés et y voient une vile manigance fédéraliste pour récupérer l’événement.

14 septembre 2011 – On crée un comité de travail composé des dirigeants de la mine, du ministère des Ressources naturelles, de la Sécurité publique, des centrales syndicales et d’un représentant du gouvernement fédéral pour discuter de l’épineux problème du drapeau.

22 septembre 2011 – Un compromis est négocié entre les différentes parties. La nacelle portera le drapeau du Canada, du Québec, de la ville de Val-des-Mines, de même que les logos de Mécanex, de la centrale des mineurs du Québec (CMQ) et de la fédération des travailleurs et travailleurs souterrains du Québec (FTSQ).

29 septembre 2011 – Bousculades, agressions physiques et saccage sur le chantier : la CMQ et la FTSQ ne s’entendent pas sur la priorité de remontée des mineurs.

1er octobre 2011 – Le ministre du Travail nomme un arbitre pour régler le conflit entre les centrales syndicales.

27 octobre 2011 – La CMQ et la FTSQ s’entendent sur une liste commune de priorité de remontée qui tient compte de l’ancienneté.

6 novembre 2011 – Un document confidentiel du gouvernement est obtenu par la presse. Les coûts de l’opération de sauvetage dépassent de sept fois les estimations initiales. Des groupes de citoyens en colère et l’opposition manifestent devant le chantier.

13 novembre 2011 – Le gouvernement annonce qu’il débloque une aide spéciale pour défrayer les coûts de l’opération de sauvetage et qu’elle ne se traduira pas par des hausses de taxes ou d’impôt. Le premier ministre demande à son homologue canadien que les sommes soient puisées à même les surplus de la caisse de l’assurance-emploi.

4 décembre 2011 – Les réparations effectuées et la nacelle repeinte, les opérations de secours peuvent débuter.

12 décembre 2011 – Les mineurs sont enfin de retour à la surface.

21 décembre 2011 – Le premier ministre se félicite du succès de l’opération et que les mineurs peuvent fêter Noël avec leur famille comme il l’avait prédit. Il blâme toutefois l’inaction du gouvernement fédéral qui, selon lui, est à l’origine des retards éprouvés.

Une belle histoire qui finit bien…

lundi 4 octobre 2010

Profilage racial

«Un rapport gardé secret par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dénonce le racisme dont les policiers font preuve à l'égard des jeunes des minorités visibles à Montréal-Nord». Voilà ce que titrait la Presse du 29 septembre dernier. «Un rapport accablant» soulignait un autre journaliste. Une autre commission d’enquête en vue pour élucider un profond problème de société? Est-il possible que nos policiers aient la gâchette plus facile lorsqu’ils abordent une minorité visible?

Ce n’est certainement pas correct d’être raciste. On ne devrait certes pas discriminer en fonction de la couleur de la peau de quelqu’un. Soit. Mais il faut aussi se rendre à l'évidence, statistiques à l’appui, que certaines ethnies ont aussi plus de facilité que d’autres à s’affirmer par le crime et la délinquance.


Bon, j’entends déjà les hauts cris des travailleurs de rues et des sociologues bien pensants se lancer dans des théories sur la cause et sur l’effet; si les minorités font plus de crimes, c’est que la société les pousse à agir ainsi. C’est de notre faute à nous, la majorité, qui isolons ces gens, ne leur donnons pas d’emploi ni de logement décent, si les minorités se révoltent dans la violence.


Justement. Ils se révoltent dans la violence. Pas en votant ou en allant faire des études pour avoir une job décente. Pas en signant une pétition ou en allant se ressourcer en Colombie-Britannique. Ils se tiennent en gang, se «crinquent» contre la société et s’achètent des armes.


Quelle est la nuance entre racisme et profilage racial? Je crois sincèrement que le bagage génétique et ethnoculturel impose des traits communs à un peuple. Par exemple, pourquoi aux Jeux olympiques, tous les finalistes du 100 mètres sont des Noirs? Les lauréats des grands concours internationaux de musique classique ne sont-ils pas presque tous des Asiatiques? Seriez-vous gênés de confier la cuisine de votre grand restaurant à un Français? Conséquemment, il y a des traits chez des peuples. Être raciste, ce serait d’interdire aux Noirs de participer aux olympiques. Le profilage racial, c’est autre chose; c’est de reconnaître ces caractéristiques.


Dans le paragraphe précédent, j’ai associé «race» et qualités. Mais les races ont aussi des défauts. Le vol, les règlements de compte et le trafic de drogues dures conviennent mieux à certaines cultures qu’à d’autres. C’est un fait.


Pour des raisons de «political correctness» au Canada, on ne publie pas de statistiques sur l’origine ethnique des détenus, sauf s’ils sont autochtones. On ne peut que constater que, même s’ils ne forment que 3,8% de la population canadienne, les Autochtones représentent 18,4% de la population carcérale sous juridiction fédérale (sentence de 2 ans et plus). Méchant écart. Mais on sait qu’il existe des associations à charte des détenus issus des communautés ethnoculturelles dans pratiquement chaque pénitencier. Je me demande pourquoi…?


Un bouquin est en librairie à partir d’aujourd’hui : «Moi, Ziad, soldat des gangs de rue». On peut y lire qu’une aile du pénitencier Leclerc abrite principalement des détenus d'origine haïtienne, jamaïcaine et arabe. Le site Internet de Service correctionnel Canada indique que «les noirs, les Latino-Américains et les proche orientaux constituent les groupes les plus importants». On peut y lire des chose fascinantes comme : «Les produits d’hygiène pour les détenus noirs sont de (sic) nombre de produits ethnoculturels introduits dans la cantine polyvalente des établissements à forte présence ethnoculturelle», ou «le bureau du district Montréal-Métro et six pénitenciers ont célébré le mois de l’histoire des noirs», ou encore «La coordonnatrice en communauté organisent (sic) des rencontres en communauté et cela sous différents thèmes : La culture Inuit, l’Islam et le monde arabe, la sensibilisation à la culture des pays du Sud Est de l’Asie, le mois de l’histoire des noirs et bien d’autres».


Deux choses sautent aux yeux. 1) Certains groupes ethniques sont surreprésentés parmi la population pénitentiaire canadienne, 2) Service Correctionnels Canada aurait drôlement besoin d’un rédacteur qui sait écrire correctement le français.


Les policiers qui éloignent des groupes de Noirs des stations de métro sont-ils racistes ou font-ils de la prévention? Doit-on prendre en pitié les gangs de latinos de Montréal-Nord – dont un membre a été tué par les flics – alors que plusieurs sont sur la liste des immigrants à être expulsés du Canada à cause de leur casier judiciaire? Ce n’est certes pas le genre d’immigrants que je veux voir dans mon pays. Je préfère de loin le propriétaire chinois du dépanneur du coin, même s’il ne parle pas français.

jeudi 30 septembre 2010

Tanguy et sa maman

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt un dossier dans La Presse de la semaine dernière sur le phénomène des Tanguy. Si vous n’avez pas vu le film, courez au club vidéo (pendant qu’il existe encore) et louez-le; c’est un excellent et incontournable film. Mais à peu près tous les francophones connaissent l’expression. Un Tanguy, c’est un jeune adulte (20 à 30 ans) qui habite chez ses parents alors qu’il a terminé ses études. Phénomène grandissant, parait-il.

Le dossier mettait en lumière le fait que plusieurs de ces Tanguy sont contraints de continuer à habiter chez leurs parents à cause d’un marché du travail plus difficile. La précarité des emplois, le recours au temps partiel ou aux horaires sur appel empêchent bien des jeunes de vivre une vie «normale», soit de quitter le nid familial, une fois les études terminées, pour voler de leurs propres ailes.


Mais il y a aussi un phénomène social intéressant qui se cache sous les Tanguy québécois, celui des «parents curling». Dans le film, les parents tentent par tous les moyens de se débarrasser de Tanguy. Le Tanguy québécois, au contraire, aimerait bien quitter la maison, mais ses parents déploient tous les stratagèmes nécessaires pour le retenir. D’où l’expression de «parents curling»: les parents qui balaient tous les obstacles sur le chemin de leur enfant.


Je suis de la génération de ces parents âgés de 35 à 55 ans qui ont une fâcheuse tendance à ne par faire confiance à leurs enfants, à s’immiscer dans leur vie et à vouloir contrôler leur destinée. Je constate à quel point, et avec horreur, que de nombreuses mères – car oui, c’est principalement le cas des mères – sont en voie de détruire la vie de leur enfant et surtout leur estime de soi.


Je travaille dans le milieu de l’éducation. Que les parents suivent l’éducation de leurs chérubins au primaire, c’est responsable. Au secondaire, les premières années si l’enfant a des difficultés, c’est aussi une bonne chose. Mais trop de parents bienveillants harcèlent les éducateurs et la direction pour imposer leur façon de faire. Mais là – tenez-vous bien – voilà qu’il existe des comités de parents au cégep et que des demandes pour en créer à l’université viennent de se pointer. Non, mais quand allez-vous avoir assez confiance en nos jeunes pour les laisser grandir? Notre système d’éducation n’est pas parfait, mais il est composé des gens compétents qui savent comment amener la jeune génération de l’enfance jusqu’à l’âge adulte. Puis maman n’a pas sa place dans la gestion académique pour que le système accorde une attention particulière à son protégé. Pauvre enfant, que fera-t-il une fois des études terminées? Est-ce que maman va demander la création d’un comité de parents dans l’entreprise? J'en connais qui seraient absolument apte à le faire...


C’est sûrement parce que, de nos jours, on fait trop peu d’enfants et trop tard dans notre vie. Parce qu’on travaille beaucoup, on les «parque» dans des garderies, on leur achète toutes les bébelles qu’ils demandent – histoire de se déculpabiliser – et surtout, on les couve! Longtemps … très longtemps! Je n’ai honnêtement pas hâte de voir quelle génération d’enfants gâtés, irresponsables, sans confiance en soi et en même temps «Ti-Jos connaissant» que notre société est en train de créer.


Peut-être nous retourneront-ils l’ascenseur et créeront des «comités d’enfants» pour nous, pauvres vieux, qui seront dans des centres d’accueil…

lundi 27 septembre 2010

Bastarache

Je ne peux résister à l’envie d’être la 500e personne à écrire sur la Commission Bastarache aujourd’hui. Je ne prétends pas énoncer de quoi de plus intelligent de tout ce que j’ai pu lire ce matin, mais je désire néanmoins envoyer quelques idée dans la mêlée. C’est sans doute moins divertissant que de huer Carey Price…

Surprise de taille! On apprend que le Libéraux nomment des juges d’allégeance libérale. Onnnnnn!!! C’est vraiment scandaleux! Et chez nos voisins du Sud? Bush a nommé des juges conservateurs, et Obama nomme des juges progressistes. Je suis outré.


Que voulez-vous. En France, il existe des écoles de juges. On choisit les juges en fonction des notes qu’ils ont obtenues aux études. C’est simple. Mais pas ici. Un juge, c’est un avocat qui a entre 5 et 35 ans de pratique, et qui s’est démarqué par sa connaissance du droit. Puis s’il n’a pas d’amis bien placés au gouvernement – les nominations étant celles du ministre de la Justice – bien l’avocat demeure plaideur.


Est-ce un mauvais système? Non, dans la mesure où on nomme des gens vraiment compétents. Si j’étais ministre de la Justice, j’aurais dans mon cercle d’amis des gens de bon jugement avec lesquels je me suis lié d’amitié depuis bon nombre d’années. Ce sont ces gens que je nommerais juge. Du népotisme éclairé, en somme. Ils n’y seraient pas nommés parce qu’ils sont de mon parti, mais parce que je les connais. Il en existe sans doute des meilleurs, mais je ne les connais pas!


C’est notre régime politique. Un gouvernement libéral nomme des juges libéraux, un gouvernement péquiste nomme des juges péquistes. C’est simple. C’est frustrant pour les prétendants à la magistrature qui sont adéquistes, verts ou fans de Québec solidaire, mais c’est comme ça que la machine fonctionne. J’imagine bien qu’en France, fiston ou fistonne d’un grand bailleur de fonds de l’UMP a plus de chances qu’un autre d’accéder au banc…


Évidemment, le système a ses failles. Les principes peuvent être outrageusement contournés. Comme disait feu le juge Denys Dionne, «toute règle est faite, comme une femme, pour être violée».