mercredi 4 avril 2012

Grève étudiante au Québec

Lettre à Gabriel Nadeau-Dubois
Porte-parole de la CLASSE

« Pour faire bouger le gouvernement, il va falloir perturber, il va falloir occuper, il va falloir que ça brasse au Québec. »

La hausse annoncée des droits de scolarité universitaire ne fait sans doute pas votre affaire, mais de là à lancer un appel à perturbation économique n’est certes pas la façon de rallier la population à votre cause. Comme leader étudiant, n’avez-vous pas le devoir de respecter la société qui assume à plus de 80 % vos frais de scolarité, plutôt que de vouloir nuire à son épanouissement?

S’appuyer sur des faits

Ce n’est certainement pas avec votre discours démagogique que vous attirerez la sympathie. Vous omettez systématiquement de citer les nombreuses études qui démontrent hors de tout doute qu’il n’y a pas de lien entre frais de scolarité et accessibilité. Vous citez à votre guise des exemples venus d’ailleurs – comme l’Angleterre ou la Norvège – alors que des études canadiennes existent pour démontrer que votre logique ne tient pas la route. Que pensez-vous, par exemple, du fait que l’accroissement des droits de scolarité en Colombie-Britannique en 2007 s’est accompagné d’une hausse des inscriptions?

L’illusion de la gratuité scolaire

Sans doute conscient de la faiblesse de vos arguments, vous en êtes rendu à réclamer la gratuité scolaire. Celles du transport en commun et du permis de conduire aussi probablement? Vous semblez oublier que dans notre système économique et social, il y a toujours quelqu’un au bout du compte qui doit absorber les coûts. La gratuité scolaire implique qu’il faudra hausser les impôts et les taxes et imposer un fardeau supplémentaire à ceux qui remplissent les coffres de l’État, c'est-à-dire essentiellement les contribuables de la classe moyenne. Vous demandez donc à la population, dont la très grande majorité n’a pas et ne fréquentera pas l’université, de payer pour votre enrichissement personnel. Et vous osez parler d’équité…

L’éducation : un investissement

L’éducation, c’est sans doute un droit, mais c’est avant tout un investissement. Vous, étudiants universitaires, vous investissez en vous-mêmes afin d’obtenir un meilleur salaire et une vie plus confortable. C’est un choix que j’encourage, mais qui est avant tout un choix personnel que nous, comme citoyens, n’avons pas à assumer. Demanderiez-vous au gouvernement de payer la totalité des investissements des entreprises sous prétexte qu’ils permettent l’enrichissement collectif? Nous avons la chance d’avoir un réseau universitaire de qualité, et, ne vous en déplaise, d’en absorber une partie croissante des coûts fait partie de l’équation.